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    Les voyageurs à vélo : une opportunité commerciale pour les professionnels du tourisme

    Épisode 9 - Adopter les bonnes pratiques

    Votre entreprise est-elle prête à accueillir les cyclotouristes et à profiter de cette tendance croissante ? Avec un chiffre d'affaires potentiel représentant 7,5 % du secteur touristique, chaque opportunité compte. Dans ce nouvel épisode pour Grand Est Explorer par ART GE, Yoann Gauthiot, chargé de mission pour l'animation du comité d'itinéraire de La Voie Bleue, nous rejoint pour partager ses meilleures stratégies pour réussir dans le domaine du tourisme à vélo : comprenez les enjeux, répondez aux attentes des cyclotouristes et maximisez vos chances de transformer cette tendance en succès économique !

    Transcription

    Voix Off : « Adopter les bonnes pratiques »

    Caroline : « Imaginer un secteur touristique en pleine expansion… Celui du tourisme à vélo ! Il peut représenter aujourd'hui 7,5 % du chiffre d'affaires selon une étude réalisée auprès de 5000 professionnels du tourisme ! Cette tendance croissante s'inscrit dans un contexte où les voyageurs recherchent de plus en plus des expériences authentiques et durables. Le tourisme à vélo offre une opportunité unique de découvrir des paysages variés, tout en favorisant un mode de transport respectueux de l'environnement. Dans cet épisode, nous avons le plaisir d'accueillir Yoann Gauthiot, chargé de mission pour l'animation du comité d'itinéraire de la Voie Bleue. Une véloroute de 700 kilomètres qui relie le Luxembourg à Lyon, le long de la Moselle, du canal des Vosges et de la Saône. Yoann va nous expliquer les enjeux du tourisme à vélo, les attentes de ses clients spécifiques, et comment les professionnels peuvent tirer parti de cette tendance pour améliorer leur chiffre d'affaires. Yoann, bonjour ! »

    Yoann : « Bonjour ! »

    Caroline : « La clientèle que l'on va essayer de capter ce sont donc les touristes à vélo. Qui sont-ils exactement ? Et pourquoi sont-ils intéressants pour les professionnels du tourisme ? »

    Yoann : « Les voyageurs à vélo sont des cyclistes itinérants qui vont passer une nuit dans un hébergement sur leur parcours. Alors pourquoi ils sont intéressants ? Il y a plusieurs aspects… Le premier, c'est qu'ils ont une durée de séjour beaucoup plus longue que la moyenne des touristes classiques. Ensuite, il faut imaginer qu’ils n’ont rien… En gros, je dis toujours : 'ils sont en slip et sandales', et donc ils ont une consommation qui est beaucoup plus importante que la moyenne des touristes ! Ensuite, il faut imaginer que ces voyageurs à vélo représentent 24 % des retombées économiques du tourisme à vélo en général, donc c’est un marché important. Et puis surtout, là encore, comme ils n'ont rien, qu’ils vont être sur un itinéraire pendant plusieurs jours, ils vont être à 88 % en hébergement marchant. Donc forcément, c'est très intéressant pour les professionnels du tourisme ! Maintenant, si je devais décrire les profils des voyageurs à vélo, on va dire qu'on peut les scinder en deux grandes catégories : d'un côté, on a les collectionneurs d'itinéraires. C’est une clientèle historique, ils sont habitués, tous les ans ils vont refaire un nouvel itinéraire à vélo. Et puis on a une nouvelle catégorie qui a émergé, elle a explosé après le Covid, qu'on qualifie de néo-pratiquants, qui n’ont pas, ou peu d'expérience du voyage à vélo, mais qui s'y intéressent de plus en plus pour leurs vacances ou leurs week-ends. Ils vont constituer le nouveau potentiel des touristes à vélo sur nos destinations ! »

    Caroline : « D'accord, et alors quel est leur profil ? »

    Yoann : « On a les couples, des couples disons de quinquas plus. On a aussi des couples de petits jeunes qui démarrent avec un vélo pas très cher et qui vont faire un petit tour et les groupes d'amis ou groupes de familles, parfois avec enfants, voilà les deux grandes catégories. J'ajouterai un dernier point : ces voyageurs à vélo sont à 45 % étrangers, notamment allemands et néerlandais. Du coup, c'est très intéressant ! Pourquoi ? Parce que plus on vient de loin en général, plus on va rester longtemps sur l'itinéraire. Un voyageur à vélo allemand ou néerlandais, il va avoir tendance à passer, en moyenne, 7 jours sur l'itinéraire, donc 7 nuits, 14 solutions de repas, etc... Plus les activités qui vont avec… L'autre point c’est qu’un voyageur à vélo étranger a des dépenses qui sont plus élevées qu'un touriste à vélo français. »

    Caroline : « D'accord. Quand on est à vélo, on est sur du matériel qui coûte cher, on se balade avec un peu toute sa vie sur soi. Quel type de services peut-on leur proposer en premier lieu pour répondre à la question de la mise en sécurité ? »

    Yoann : « Très bonne question ! Le point le plus important, notamment chez les hébergeurs, c'est d'avoir un local sécurisé ! Il faut absolument que le voyageur à vélo puisse mettre en sécurité son vélo pour passer la nuit. Parce qu’il faut imaginer qu'il y a des gens qui ont des vélos qui coûtent parfois 3000, 4000, 5000 €, donc on n’a pas envie de se le faire voler… »

    Caroline : « D'accord, et si vous n’avez pas ça, du coup, c'est compliqué de capter ces voyageurs-là j'imagine ? »

    Yoann : « Exactement. C'est un préalable pour les accueillir et surtout, ce qui est important, c’est de penser à en parler, notamment sur votre site internet ! Mettez-le en avant, parce que c'est vraiment un argument très important. »

    Caroline : « D'accord, et si je suis par exemple un lieu de visite, ou un lieu d'activités de plein air, qu'est-ce que je propose ? »

    Yoann : « Un autre service qui est presque également un impondérable : c'est le casier sécurisé, ou le service de consigne derrière le comptoir. C'est simple : vous arrivez avec votre vélo et avec les sacoches derrière votre vélo, vous allez visiter un musée, un château, etc. Dans les sacoches, vous avez toute votre vie, donc deux options : vous laissez vos sacoches en plein air devant le château. Ce que vous ne ferez jamais. Soit vous les prenez et quand vous arrivez à l'accueil du musée, si on vous dit « Non, les sacoches, il faut que vous les portiez », sachant qu’une sacoche peut faire dix kilos ! Tout de suite, ça va vous refroidir un petit peu pour aller faire la visite du musée. Alors que si on vous dit : « Ah mais bien évidemment, je prends vos sacoches, je les mets derrière mon comptoir, ou regardez, vous avez un casier sécurisé avec des petites clés ou un code ». Là, forcément, c'est banco, vous allez pouvoir faire vos visites. »

    Caroline : « En dehors de ces questions de mise en sécurité, est-ce qu'ils ont d'autres besoins, d'autres attentes ces touristes à vélo ? »

    Yoann : « Oui, alors il y a quelques besoins intéressants. Le premier, c'est de pouvoir recharger sa batterie, parce qu'il y a une explosion du nombre de vélos à assistance électrique. Pour ça, ne vous inquiétez pas, il suffit que vous mettiez à disposition une prise électrique. C'est tout simple ! L'autre service, c'est par exemple d'avoir un kit de réparation à disposition, et c'est plus anecdotique, mais ça peut être très utile : si jamais vous êtes un hébergeur, proposez un service pour laver et sécher son linge. »

    Caroline : « Effectivement, c'est toujours agréable de pouvoir laver son linge quand on voyage longtemps. Est-ce qu'il y a d'autres services qu'on peut proposer aux voyageurs à vélo ? »

    Yoann : « Un service vraiment génial pour un voyage à vélo, c'est de lui proposer de remplir sa gourde. Ça paraît idiot, mais c'est vrai que c'est vraiment une valeur ajoutée importante ! Une manière de faire savoir que vous acceptez qu'un voyageur vienne remplir sa gourde dans votre établissement, c'est par exemple de rejoindre le réseau « Gourdefriendly » et qui après vous permet de poser un petit autocollant « Gourdefriendly » sur votre vitrine. Tous les cyclistes savent qu'ils peuvent rentrer chez vous pour la remplir, ce qui vous fait du flux de visiteurs. »

    Caroline : « Ils n’ont pas les moyens de s'arrêter au restaurant tous les midis aussi ces voyageurs à vélo alors, qu'est-ce qu'on peut imaginer pour leur proposer quand même de se restaurer ? »

    Yoann : « Alors, il y en a qui vont s'arrêter tous les midis, tous les soirs au restaurant, mais ce n'est pas le cas de tous. Et puis, on ne va pas forcément le faire à chaque repas sur plusieurs jours. Alors, proposez des paniers pique-nique ou simplement de la nourriture à emporter. Chez un restaurateur, on va dire que ça va un peu de soi, mais ça peut être intéressant de réfléchir à des emballages moins volumineux pour transporter facilement dans une sacoche ou des choses qui n'ont pas besoin de se faire réchauffer au micro-ondes, parce que forcément, on ne se trimballe pas avec le micro-onde dans les sacoches. Ce serait bien également si vous êtes hébergeurs, de proposer au moment où ils partent le matin un panier pique -nique préparé avec amour, bien évidemment ! »

    Caroline : « Et en tant qu'hébergeur, si on n'a pas la possibilité de proposer des paniers pique-nique, par exemple pour un camping, est-ce qu'il y a d'autres dispositifs qu'on peut mettre en place ? »

    Yoann : « Pour les campings, la première chose, c'est avoir des tables de pique-nique fixes, ce qui d'ailleurs peut servir à n'importe quel client de l’établissement. Et puis, avoir éventuellement une sorte de cuisine d'été, ça peut servir à tous les clients : l’accès à une gazinière, un four à micro-ondes et des petites installations, des tables, des chaises, des couverts, une casserole. Et là, vous avez un voyageur à vélo heureux. »

    Caroline : « Finalement, c'est un confort en plus que vous offrez au voyageur à vélo ! Est-ce qu'il existe d'autres solutions justement pour leur assurer du confort supplémentaire ? »

    Yoann : « Il y a un système de transport de bagages qui a été mis en place, notamment sur la Voie Bleue avec la malle postale, qui est un service de transport de bagages assez connu en France. Et donc, le principe est simple : vous tracez votre parcours, vous les contactez et vous leur dites : « Ben voilà, moi, tel jour, je serai ici, tel autre jour, j'arrive ici dans tel hébergement, etc. » et vous, en fait, vous reliez vos étapes à vélo et eux se chargent de transporter vos bagages, ce qui vous permet d'avoir des valises un peu plus pleines que si vous partiez avec des sacoches. »

    Caroline : « D'accord, et alors, un voyage à vélo, vous venez de le dire, c'est pas mal d'étapes ! Et c'est pas mal d'aléas aussi, notamment des aléas avec la météo qui peut changer parfois en quelques heures. Alors, qu'est-ce qu'on peut leur proposer pour les aider à faire face ? »

    Yoann : « C'est une micro-aventure un voyage à vélo, et donc il faut des choses assez simples. La première, c'est permettre la réservation à la nuitée. Parce qu'encore une fois, si on est dans une logique d'itinérance, on ne va pas passer plusieurs nuits au même endroit. Donc c'est un préalable. Le deuxième point, et ça, je pense qu'on peut tous très bien imaginer, c'est que les voyageurs à vélo vont être assez sensibles aux conditions d'annulation. Si on peut proposer des conditions d'annulation assez souples, ça permet aux clients de franchir le pas plus facilement, même si j'ai un problème au cours du voyage, je peux toujours m'arranger pour essayer de modifier ma réservation. »

    Caroline : « Donc concrètement, quels sont les bénéfices pour les professionnels qui s'engagent dans le tourisme à vélo ? »

    Yoann : « Les bénéfices ? Le premier, c'est d'abord une visibilité accrue ! Ce que je vous recommanderais si jamais vous souhaitez vous engager vraiment dans ce marché, c'est d'essayer d'obtenir le label « Accueil Vélo ». Ce label déjà vous donne une visibilité dans tous les réseaux, sur les sites internet, dans les guides de voyage, auprès de cette clientèle spécifique. Et puis accessoirement, voilà, vous avez une belle plaque et vous pouvez la mettre sur votre établissement, ce qui indique du coup à tous les voyageurs à vélo que vous les accueillez. Le deuxième point c'est que si vous accueillez des touristes à vélo, vous êtes vraiment dans le tourisme vert, le tourisme décarboné, c'est hyper important en termes d'image pour vous. D'autant que, en plus de faire l'essentiel de leurs déplacements en séjours à vélo, on a 49 % des voyageurs à vélo qui viennent sur l'itinéraire en train. On est vraiment sur du tourisme décarboné de A jusqu'à Z. »

    Caroline : « Merci beaucoup Yoann. Alors, je retiens les bonnes pratiques :
    1 : Je ne néglige pas cette cible en pleine croissance, elle offre du potentiel.
    2 : Pour capter cette clientèle, j'offre des installations de stationnement sécurisées pour les vélos, notamment pour les modèles coûteux, et je prévois un service de consigne pour les bagages.
    3 : Je propose des services simples, mais avec une vraie plus-value pour les cyclistes et je rends visibles ces services sur mon site ou sur place en obtenant notamment un label qui est un réel atout en la matière.
    Encore merci Yoann et merci à vous pour votre écoute. Pour ne rien manquer des conseils de nos experts, pensez à vous abonner à notre chaîne de podcast Explore Grand Est Académie et n'oubliez pas de mettre des étoiles si cet épisode vous a été utile ! »

    Voix Off : « Adopter les bonnes pratiques, un podcast de l'Agence régionale du Tourisme Grand Est. Rendez-vous dans quinze jours pour un nouvel épisode ! »

    Un podcast de l’Agence Régionale de Tourisme du Grand Est, produit avec

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    Caroline Langlois

    Journaliste Ohz

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    Yoann Gauthiot

    Chargé de mission pour l'animation du comité d'itinéraire de la Voie Bleue

    Un projet déployé avec le soutien de la Région Grand Est.
    Explore Grand Est Académie fait l’objet d’un financement FEDER.

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