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    Eclairage sur l’avenir du tourisme par Cyril Blanchet

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    Cyril Blanchet est enseignant et coordinateur de la recherche à l’Escaet à Aix-en-Provence. Il est doctorant à l’université Gustave Eiffel et travaille plus précisément sur le concept du Smart Tourisme. Il est aussi chroniqueur chez Tom Travel.

    Cyril Blanchet nous éclaire sur sa vision de l'avenir du tourisme.

    5 choses à savoir sur Cyril Blanchet

    Le tourisme permet de s’évader de son quotidien

    La notion « d’évasion du quotidien » est essentielle dans le voyage. Pour Cyril Blanchet, il ne faut pas opposer l’appréciation de ce quotidien et la volonté de voyager. On peut s’épanouir dans son quotidien et souhaiter s’en évader le temps d‘un voyage. L’immersion quand on voyage est plus « réelle » et plus totale que le simple visionnage d’un film puisque partir c’est découvrir un paysage, un climat, des odeurs, des goûts, etc.

    « Le voyage permet de multiplier les quotidiens que l’on peut apercevoir. »

    Cyril Blanchet

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    Le tourisme est une activité récente au regard de l’humanité. Avant sa démocratisation, les déplacements avaient d’autres buts liées aux conquêtes des territoires, aux expéditions scientifiques ou à la colonisation. Les voyages qui répondent à des activités de loisirs sont plus récents. Cependant, malgré ce jeune âge, l’industrie du voyage a été confrontée à des crises économiques, géopolitiques ou sanitaires. Elle s’est toujours adaptée et sait rebondir. Dès que les frontières rouvrent, le tourisme reprend.

    La crise sanitaire chamboule aujourd’hui notre quotidien mais à l’échelle de l’existence du tourisme, c’est une crise supplémentaire qui ne remet pas en cause l’activité touristique. On assiste à des effets de basculement des flux selon les fermetures ou les ouvertures des frontières.

    Pour comprendre l’évolution du tourisme, on peut aussi suivre l’évolution des temps de travail. Le temps de loisirs prend une part toujours plus importante dans les sociétés ce qui valorise l’importance des activités touristiques. Le temps disponible pour voyager est donc existant et grandissant.

    « On observe une démocratisation du tourisme car c’est un facteur de bien-être. »

    Cyril Blanchet

    L’envie de voyager sera le moteur de la reprise

    En faisant le parallèle avec les attentats de Paris en 2015, un important travail de réassurance avait été réalisé par la ville. Celui-ci avait fonctionné avec un retour au niveau d’avant crise pour la capitale.
    Aujourd’hui, ce phénomène de réassurance a déjà été entrepris par des labels anti-covid, avec des procédures pour limiter la propagation du virus.
    Ainsi la réassurance est importante et en cours mais elle reste davantage de l’ordre du symbolique. Les flux touristiques reprendront car l’envie de voyager persiste.

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    « Ce n’est pas la réassurance qui relancera le voyage, mais l’envie de voyager ! »

    Cyril Blanchet

    Tourisme durable, une action nécessairement collective

    La prise en compte du tourisme durable est une transformation majeure du secteur du tourisme qui passe par la formation des étudiants et des professionnels du tourisme.
    Par contre, ce qui est clair c’est que les professionnels du tourisme ne peuvent pas porter seuls le poids de cette transformation durable pour le secteur.
    Les visiteurs doivent prendre part à l’action environnementale. Les acteurs du tourisme se positionnent comme des nouveaux médiateurs dans cette nouvelle considération durable du voyage.

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    Pour Cyril Blanchet, il n’est pas souhaitable d’opposer les générations pour différencier des comportements durables. Toutes les générations sont capables de développer cette sensibilité. Il ne faut pas stigmatiser des générations mais plus vraisemblablement identifier des comportements liés à des époques.

    D’une manière générale, on devrait tous être fiers de voir qu’aujourd’hui tout ce travail de sensibilisation porte ses fruits auprès des nouvelles générations. Cette sensibilité n’est pas innée et relève d’une action collective et intergénérationnelle.

    « La question du tourisme durable, ce n’est pas une question de génération mais plutôt une question d’époque. »

    Cyril Blanchet

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    Smart tourisme et innovations

    Depuis les années 2000, nous avons eu 2 grandes vagues d’innovation qui ont profondément transformé le secteur du tourisme.

    La première était l’arrivée d’internet qui a provoqué une désintermédiation des acteurs touristiques, une digitalisation des brochures touristiques, des mises en place de plateformes de paiement en ligne. La vague d’innovation est aujourd’hui acquise par l’ensemble des acteurs. On l’a appelé l’e-tourisme.

    Depuis plusieurs années, de nouvelles technologies arrivent en masse et marquent une deuxième vague d’innovation avec l’arrivée de la réalité virtuelle, la réalité augmentée, une connectivité toujours plus importante avec la 5G, la robotisation, les objets connectés ... qui transforment le monde du tourisme. Le plus petit dénominateur commun entre toutes ces technologies c’est le Big data. Cette deuxième vague d’innovations technologiques est essentiellement liée au Big data, à l’analyse des données. On l’appelle pour le tourisme, le smart tourisme.

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    Toutes ces nouvelles technologies sont très visibles aujourd’hui avec une forte numérisation de l’expérience touristique. Cela passe par exemple par l’usage systématique des réseaux sociaux, l’automatisation d’un check-in à l’hôtel ou par les réservations en ligne d’un plat au restaurant… Selon Cyril Blanchet, à plus long terme, ces technologies pourraient s’effacer pour replacer l’expérience touristique au premier plan.

    Elles seront toujours présentes mais moins visibles. Il faut noter que la notion et le besoin de déconnexion monte dans la demande des visiteurs...

    « Je crois à l’invisibilité des technologies avec des performances toujours plus sur-mesure et hyper personnalisées pour une technologie qui reste dans les coulisses »

    Cyril Blanchet

    Il croit beaucoup au développement des technologies dites immersives comme le développement de la réalité augmentée ou virtuelle. De grands acteurs se positionnent sur ces outils comme par exemple Facebook qui lance le Metavers et le développement des technologies haptiques*. Cette tendance va se développer mais elle ne remplacera pas le voyage. Par contre elle permettra d’expérimenter de nouvelles sensations par exemple l’ascension du Mont Blanc ou des lieux inconnus ou protégés…

    Définition

    *Haptique = L’haptique, du grec ἅπτομαι (haptomai) qui signifie « je touche », désigne la discipline qui explore et exploite le sens du toucher et les phénomènes kinesthésiques, c'est-à-dire la perception du corps dans l’environnement, par analogie avec l'acoustique ou l'optique. Wikipedia

    « Ces technologies d’expériences immersives montent en puissance pour proposer des activités basées sur le tourisme mais elles ne sont pas directement du tourisme. »

    Cyril Blanchet

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    La mobilité en pleine effervescence

    Les innovations liées aux mobilités sont en pleine effervescences. On pensait ces mobilités impossibles et pourtant elles commencent à se concrétiser.
    Par exemple, on parlait de lubies pour évoquer le tourisme spatial et pourtant cet été on a bien vu que le tourisme spatial est devenu une réalité. Concernant la mobilité terrestre, on peut citer l’exemple d’Hyperloop (voyager à l’intérieur d’un tube lancé à pleine puissance) le développement du véhicule autonome, les recherches sur le biocarburant et sur les moteurs à hydrogène… Ces technologies ne vont-elles pas aussi bénéficier d’une accélération sur les prochaines années ?

    Grandes tendances

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    Le train

    Cyril Blanchet croit beaucoup à la démocratisation du train et notamment aux trains mythiques, …mais l’offre actuelle est très peu étoffée. On peut citer le lancement par le groupe ACCOR de l’Orient Express du nord au sud de l’Italie, dès 2023. Les trains de nuits actuels sont encore des prestations qui ne sont pas vraiment touristiques. A l’inverse, le Puy du Fou vient de proposer une offre exceptionnelle, proposant un tour de France en train haut-de-gamme qui parcourt les lieux mythiques de l’histoire de France mais qui est réservée à une élite.

    « Entre ces deux extrêmes, les trains de nuits et l’offre du Puy du fou, grâce à la libéralisation du secteur ferroviaire, il est peut-être envisageable de proposer une alternative, un entre-deux pour visiter la France ou l’Europe en train. »

    Cyril Blanchet

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    La micro-aventure

    La destination n’est qu’un prétexte pour vivre une évasion et la micro-aventure permet de multiplier ces temps d’évasion. Certains chercheurs alertent sur les temps de vacances longs qui se font sur 2 à 3 semaines et une seule fois dans l’année… Il vaut mieux multiplier ces temps d’évasion pour que l’échappatoire soit constante tout au long de l’année. La micro-aventure propose de nombreuses solutions de fuite du quotidien : des randonnées à pied, à cheval, des stages de survie, des stages de digital détox. La notion de micro-aventure devrait être développée et se rendre accessible à tous.

    « Ces offres multiplient les temps d’évasion pour lesquelles la destination n’est plus qu’un prétexte à cette évasion. »

    Cyril Blanchet

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    Economie du tourisme

    Le tourisme est intrinsèquement lié au travail. Le travail permet d’avoir du temps de loisirs mais est aussi la source de financement des loisirs. Finalement pour étudier l’impact de la crise sanitaire sur l’économie touristique, il suffit de regarder l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi. L’augmentation du nombre de bas salaires, le fossé grandissant entre certaines classes de la population, …

    Ces caractéristiques se retranscrivent sur l’activité touristique avec un plus fort besoin de tourisme social.

    « Il faut penser un tourisme pour tous, un tourisme pour les plus aisés comme les plus défavorisés. »

    Cyril Blanchet

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    Son ambition pour 2030, une assimilation de la notion de durabilité et de partage du tourisme

    Une assimilation de la notion de durabilité

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    L’ambition de Cyril Blanchet pour 2030 réside dans le fait de ne plus avoir à former les étudiants et les professionnels du tourisme sur cette notion de durabilité car tout le monde sera formé, sensibilisé et que cela sera évident dans les démarches de consommations touristiques.

    « Je veux croire en l’assimilation de la notion de tourisme durable pour 2030. »

    Cyril Blanchet

    Un partage du tourisme

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    Le fossé social se creuse. Il ne faut pas oublier une partie de la population. Le tourisme permet la démocratisation du bien-être et ce bien-être nécessite d’être partagé.

    « Il faut partager le tourisme, permettre à chacun de pouvoir partir ».

    Cyril Blanchet

    Ne sommes-nous pas sur une sur-sollicitation émotionnelle et sociale de l’expérience touristique ?

    On parle beaucoup d’expériences, de tourisme transformationnel,… Finalement on joue beaucoup avec les émotions. Aujourd’hui, l’expérience touristique doit vous éprouver. Il faut faire attention à ne pas jouer sur une surcharge émotionnelle. Si vous n’avez pas vécu une expérience forte avec des émotions alors peut être que vos vacances ne sont pas totalement réussies. L’expérience touristique est peut-être aujourd’hui excessive… Les vacances ne doivent pas être remplies, à chaque fois, de rencontres, d’authenticité, de vécu, de local, de partage, de goût, de sensations, d’effort, de mérite, de culpabilité…

    Dans le tourisme aujourd’hui, tout est émotion, tout est transformation, ... Quels effets toutes ces sollicitations émotionnelles peuvent avoir en plus de la surcharge quotidienne que nous avons tous ? L’injonction sociale, transposée sur les réseaux sociaux est aussi très présente de nos jours et pourrait être dommageable à plus long terme.

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    « Cette sur-sollicitation ne doit pas être une surenchère émotionnelle et sociale. Les vacances doivent pouvoir être un simple moment de repos et de déconnexion! »

    Cyril Blanchet


    Interview de Cyril Blanchet par Séverine PORTET

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