«Maintenant, le présent est handicapé par le futur.»
Dominique Hummel
Dominique Hummel, aujourd'hui consultant en tourisme, a notamment dirigé le Futuroscope.
Sa trajectoire de vie lui a donné de nombreux atouts afin de nous éclairer sur le tourisme d'aujourd'hui et de demain.
Le voyage
Il est dans le métier du tourisme depuis 20 ans. Il a toujours eu en tête cet axiome qui explique le voyage comme un moteur de transformation personnelle.
« On ne voyage pas pour aller quelque part, on voyage pour revenir différent. »
Dominique Hummel
Cette phrase a une puissance phénoménale. C'est ce qu’il a vécu quand il a cherché à voyager. Quand le voyage est réussi, on revient un peu transformé parce qu'on va chercher dans l'intime.
Le sociologue Jean Viard parle lui des 3 « R » : les Retrouvailles, la Rupture et le Ressourcement. Ce sont pour J. Viard, les trois ressorts du voyage et du tourisme en général.
Pour se retrouver avec soi-même avec les siens, les amis, la famille, sortir de son cadre ordinaire.
« Il n’y a pas un touriste, il existe des familles de touristes »
Dominique Hummel
C’est un grand philosophe anglais John Locke, le père de l'empirisme qui a défini le grand tour, réservé à la jeune aristocratie anglaise. Il avait dit l’essentiel au début du dix-neuvième. Le grand tour permet de « s’enrichir l'esprit, de rectifier son jugement, d’écarter les préjugés et de former les manières. « Actualisé, c’est un peu le routard , voyageur des temps modernes Ce faisant on méprise une autre famille de touriste qui mélange autrement les 3 «R» , celle de la villégiateurs, aux aspirations et au profil différents. Il ne faut pas les mépriser. Nous avons une image survalorisée des premiers et dégradée des seconds alors qu’en volume ils pèsent très lourd et génèrent souvent une empreinte carbone moins importante.
« On peut parfaitement imaginer que cette capacité de ressourcement, de rupture, on aille la chercher pas trop loin ».
Dominique Hummel
Il faut une offre adaptée en face et avec des possibilités de retrouvailles à travers de la villégiature, sans forcément aller à Djerba, à condition que les prix suivent puisqu'on sait aujourd'hui que c'est la logique du prix qui est le facteur essentiel du succès de l'Espagne, par exemple.
Les prix, notamment grâce à l'aérien qui propose des tarifs qui n'ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient au départ, ont permis de faire voyager le plus grand nombre, partout. Pour l’avenir je ne crois pas que les fondamentaux puissent tellement bouger. En revanche, ils vont être endigués par la manière de les déployer, parce qu'on voit arriver des contraintes notamment des élévations de prix qui vont changer la donne.
La force de la famille
La crise sanitaire, on l’avait bien vu avant, avec les crises économiques n’a pas affecté les «3 R », au contraire. La pandémie a donné l'envie de retrouvailles encore plus fortes qu'avant.
Si on prend l’exemple de la Chine et la fête du nouvel an chinois. Il y a eu 300 000 000 de personnes qui, depuis 3 ans, n'ont pas vu leur famille et qui vont rentrer chez eux. Les autorités ne voulaient pas permettre cette mobilité là mais ils n’ont pas eu le choix. On voit bien qu'il y a une pression énorme de retrouvailles et qui va durer.
Parce que la famille ne se construit plus comme dans le passé, autour du mariage. Aujourd'hui, le mariage s'est structuré autour de la filiation, c'est à dire autour des enfants. Le couple se maintient quelquefois à son corps défendant, autour de l'enfant roi. On fait tout ce qu'il faut pour qu'il puisse s'épanouir et cette fonction-là est durable.
« Mes parents se sont connus dans le même canton de Molsheim. Moi j'ai épousé une femme du sud de la Loire et mes enfants sont mariés à un Burkinabé et un Espagnol. Cette dispersion résidentielle est aussi un moteur puissant et durable du voyage.
Dominique Hummel
La décentralisation : une évolution majeure pour le tourisme
Les années 80 ont été des années extrêmement fertiles et ont structuré notre modèle actuel du tourisme. Il y a eu un bouillonnement extrêmement important, et notamment pour le tourisme.
Les années 80 sont des années de liberté, la chute du mur de Berlin en 89 est d'ailleurs un peu un symbole de ces mouvements de liberté économique, liberté artistique …. On a vraiment accouché d'un nouveau monde et on a eu un changement de décor avec la décentralisation avec les lois Maurois des années 83 / 85 qui ont complètement changé la donne de la dynamique institutionnelle du tourisme.
La décentralisation a permis la multiplication des équipements touristiques du type Futuroscope. Les grosses locomotives du tourisme sont nées dans ces années-là, avec des personnes qui étaient des visionnaires, souvent des utopistes.
Quelqu'un comme Jacques Maillot, par exemple, qui est un des fondateurs de Nouvelles Frontières dans ces années-là voulait créer du tourisme populaire. Il ne craignait pas l'idée d'aller chercher la masse. On a libéré l'aérien grâce à son travail, mais on pourrait dire la même chose du groupe Accor et on pourrait dire la même chose du Club Med qui avait au départ une dimension utopiste.
Ces sites et ses concepts se sont internationalisés et sont devenus souvent des leaders au niveau mondial.
Comment ces groupes vont évoluer ? On voit bien qu'ils reviennent un peu vers la France. Le Club Med sort un Club Med dans les Alpes tous les ans. C’est très nouveau dans la stratégie. Accor aussi s’est récemment recentré sur la France.
Et puis il y a les nouveaux entrepreneurs de demain.
L’esthétisation du monde par et pour le tourisme
Selon le sociologue Gilles Lipovetsky, nous assistons à l'esthétisation du monde. Pour lui, c'est un mouvement qui est né à la fin du siècle dernier, ce qu'il appelle le capitalisme artiste. Avant l'art était d'abord fait pour les dieux, pour célébrer la religion. Ensuite, il était créé pour les princes, pour servir le pouvoir. À partir du 19e siècle, c’est le marché qui a pris le relais avec des peintures que des esthètes achetaient ; puis progressivement et lentement, à partir des années 80, l'art s’est installé partout. Il n’est plus seulement dans les musées, d'ailleurs on fait surtout des » musées coquilles. » Typiquement le musée Guggenheim est un objet plus qu'une collection. C'est le geste architectural qui prévaut.
On retrouve ce mouvement dans la beauté ordinaire, les vêtements, le mobilier, ... Nous sommes donc dans une esthétisation du monde. Le tourisme notamment urbain a largement provoqué et profité de cela.
Internet, un moteur de changement pour le tourisme
L’un des grands changements est tout ce qui tourne autour d’internet. Une banalité dont on n’a pas tiré toutes les conséquences.
Tout d’abord, nous n’avons pas vu venir ce que donnerait le mobile. Nous avons pensé que les robots allaient faire les choses à notre place. Nous nous sommes trompés.
En revanche, le smartphone qui aujourd'hui dans des pays comme le nôtre concerne plus de 80% des gens, est pratiquement une excroissance de nous-mêmes nous transformant en un homme augmenté. Cet outil a pris une place énorme dans la vie de tous les jours et particulièrement dans le tourisme où il est singulièrement exploité avant le voyage, pendant le voyage, après le voyage, pour donner des avis par exemple.
C’est un grand changement. Cela démultiplie l'impact du bouche-à-oreille. Jeff Bezos, le patron d'Amazone, indique que c'est 1000 fois le bouche à oreille d'avant. On n'a pas encore tiré toutes les conséquences en termes de révolution touristique parce que cela a tellement changé la hiérarchie des choses.
Les avis qui sont déposés, versus la publicité et la promotion qui peuvent être réalisées, plusieurs études ont démontré que c’est devenu le premier facteur d'attractivité. C'est à dire qu'un avis quand il est négatif, vous fait très mal mais quand il est positif, très positif, vous fait beaucoup de bien et c'est lui qui génère votre attractivité.
« Ce que j'ai vécu sur le terrain va générer, ou mon envie de revenir ou mon envie de recommander. »
Dominique Hummel
Les leviers de l'accueil et de l'hospitalité génèrent l'attractivité. Ce n'est absolument pas neutre parce qu’évidemment, on peut se poser plein de questions sur ce que l’on valorise en matière de promotion alors que ce sont ces avis-là qui pèsent le plus.
Comment on valorise ces avis, surtout comment on travaille ? Ce qui est dit et notamment ce qui est dit négativement pour arriver à une meilleure satisfaction client. C’est un élément que le tourisme doit vraiment plus que les autres secteurs, travailler.
Les mutations de l’économie collaborative
Il y a eu une mutation autour de l'économie collaborative avec des visions utopistes.
Nous avons assisté à un bouleversement au niveau des systèmes de distribution essentiellement dans le tourisme. Cette idée assez révolutionnaire qu’au fond, les biens de chacun peuvent un peu servir aux autres. L’usage passe avant la propriété.
C’est une vraie révolution du fonctionnement de la société et de l'économie.
L’expérience client
L’expérience utilisateur a été conceptualisée par Joe Pine, un universitaire de Philadelphie.
La différence par rapport à l'économie de services, c’est que l’on n'est pas simplement dans de la prestation, dont la qualité est un du, on est dans quelque chose que l’on vit, dans une relation qui embarque nos émotions. C’est une expérience globale qui intègre d'autres éléments, comme la mise en décors, la théâtralisation, la scénographie.
Le tourisme est particulièrement impliqué dans cette mutation.
« Le tourisme est un laboratoire, un bout de la vie des gens qui invente quelque chose pour l'ensemble de la société. »
Dominique Hummel
Une époque de défiance par rapport au futur
Les crises actuelles que nous vivions (économique, géopolitique, sanitaire, …) aura un impact. C'est le retour du politique.
Nous sommes vraiment tombés dans une espèce de culture de la peur, de défiance par rapport au futur qui est assez nouvelle par rapport aux années quatre-vingt. Dans les années 80, le futur importait peu parce qu'on vivait le présent.
«Maintenant, le présent est handicapé par le futur.»
Dominique Hummel
Ce qui peut bouger, c'est la fameuse pyramide de Maslow. Il y a une hiérarchie des besoins, y a d'abord le besoin de sécurité pour finir jusqu'au besoin de d'épanouissement. On l’a vu pendant la crise sanitaire et cela va se poursuivre, c’est le besoin en réassurance et de sécurité de la pyramide de Maslow qui va être extrêmement important. Ce n'est pas neutre sur les choix des destinations, parce qu'on va plutôt aller là où l’on sera rassuré.
« On voit bien que les questions que posent les gens pour décider in fine dans leur choix d’achat sont beaucoup liées à ces questions de réassurance. »
Dominique Hummel
Quelle mission nouvelle pour le tourisme ?
Il faut poser les bases d’un tourisme positif et pour cela interroger l’utilité sociale du secteur.
Plusieurs entreprises se sont engagées dans cette voie d’une raison d’etre qui au-delà de la performance économique : les Mutuelles , Danone, le groupe Rocher …
Comment les missions traditionnelles du tourisme comme le principe d’un tourisme pour tous et d’un tourisme de découverte du monde vont-elles resister aux pressions nouvelles de montée des prix ou de frein à la mobilité internationale ?
« Nous devons réfléchir à une nouvelle mission de notre profession, de notre industrie, de notre écosystème par rapport aux enjeux de société. »
Dominique Hummel
Et le tourisme durable ?
Un sondage de l’association des élus des territoires touristiques très intéressant en collaboration avec la Banque des Territoires et l'Ifop est sorti sur la vision du tourisme dans les 10 prochaines années. Il a été administré auprès des touristes et également auprès des élus et des responsables d'organismes.
On y constate qu’adhérer à l'idée du tourisme durable se fait plus facilement que le passage à l'acte.
C'est toute la question qu’il va falloir résoudre dans le secteur tourisme. On a d’ailleurs trop souvent à tort de mélanger touristes et industrie du tourisme. Par exemple, sur la question un peu énervante du surtourisme. Le touriste est la première victime du surtourisme victime du tourisme car souvent l’industrie l'a embarqué à un endroit précis où il n’aurait pas forcément voulu se retrouver du moins dans les conditions pratiques dans lesquelles il est placé. C’est toute l'industrie du tourisme qui est interpellée autour de cette question. Nous allons vraiment vivre quelques années difficiles, ce qui me paraît nouveau dans le système c’est la dimension politique.
« Au 19ème et 20ème siècle, la dynamique de société s’est construite, dans les pays développés, autour de l'approche de Marx et la lutte des classes. C’est-à-dire que c’est avec le poids des syndicats et les négociations liées autour de ces intérêts que la société s’est structurée. Aujourd'hui, avec la nature, c'est beaucoup plus compliqué parce « qui s'exprime au nom de la nature ? ». Ce n'est pas un rapport de force qu'elle induit avec nous et d'ailleurs ce n'est pas que le capitalisme qui est touché, c'est toute la société. Tout ce qui est l’extractivisme. »
Dominique Hummel
Comment réguler la société en définissant de nouvelles contraintes tout en préservant la démocratie ? Car quand il n’y a pas de démocratie, il n’y a pas de tourisme.
Un enjeu souhaitable : rééquilibrer sens et plaisirs
« C’est un rééquilibrage entre le quantitatif et le qualitatif, le marchand et le non-marchand avec une trajectoire qui va vers plus de sociétal, plus de philosophique, un rééquilibrage entre l’idée de jouissance immédiate d’un côté et l’idée de bonheur de l’autre. »
Dominique Hummel
Les évolutions structurantes de la consommation résideront dans la construction de nouveaux imaginaires de consommation. Les 3R vont continuer de vivre. Ils vont s'équilibrer autrement. La question qui se pose est comment on peut incarner de nouveaux imaginaires, notamment en termes de destination, pour étaler le trafic et comment ces destinations sont valorisées en mode storytelling personnel sur les réseaux sociaux personnels ? Si je dis, j'ai passé 3 jours au bord du lac de Vassivière qui est magnifique versus, j’ai passé 2 jours à Barcelone, la perception, l’imaginaire projeté, n’est pas la même. C’est donc la recomposition de ces imaginaires qui renvoie aux destinations.
Cela renvoie à la définition de l’hédonisme vert.
Les années 80 ont développé et structuré notre société à travers l’hédonisme. Nous sommes dans une société de l’hédonisme.
Une autre approche est celle de l’eudémonisme qui cumule à la fois la recherche de plaisir immédiat d’un côté et le bonheur à plus long terme. Ce débat de l’eudémonisme est un vieux débat initié par les Grecs à l’antiquité, ensuite repris par les philosophes du siècle des Lumières. Cette réflexion philosophique et sociétale, s'inscrit dans les réflexions de l'Occident depuis longtemps.
Ce qui amène l’eudémonisme c'est l'idée que l’hédonisme doit évidemment se combiner avec une recherche de sens. C'est à dire quelque chose qui à la fois un mobilise le corps qui souvent est celui du plaisir de la jouissance avec les autres dimensions qui sont les 3C donc le corps, le coeur et le cerveau. La pensée grecque indiquait bien que notre relation aux autres, notre relation à notre environnement se fait avec ces trois niveaux là.
« L'enjeu c'est effectivement d’arriver à réévaluer nos priorités, réévaluer la place que l'on donne à ces jouissances immédiates dans notre propre système de valeurs. »
Dominique Hummel
C'est évidemment une grande question de mode de vie, d'éducation. On voit bien que c'est une tendance qui est à l'oeuvre. Dans le tourisme notamment, la recherche de sens en particulier apparaît montante.
Le consommateur, l'homme au sens le plus large du mot, va pouvoir évaluer pour rééquilibrer ces 2 pans : celle de l’hédonisme et celle de l’eudémonisme.
On revient d'ailleurs à une définition très ancienne du sociologue, Joffre Dumazedier, qui a inventé le concept de société de loisirs après la guerre et évoquait les 3D. « Pourquoi les loisirs ? Pour se Délasser, pour se Divertir et pour se Développer à titre personnel. » C’est dans ce mélange qu’est l'enjeu de l'avenir du tourisme.
Un mélange entre éducation et divertissements. C'est aussi l'air du temps, la psychologie positive, le développement personnel et le recentrage sur ce qui construit du sens dans nos vies.
« Le tourisme est à la fois devant et derrière, mais il peut aussi être précurseur. »
Dominique Hummel
Créer un imaginaire de la nature
Jean Baptiste Morizot, maître de conférences à l'université d'Aix-En-Provence, dans son livre « Vivant parmi les vivants », refuse l'expression d'environnement. Pour lui l'expression est un contresens parce que ça nous place, nous, l'espèce humaine au-dessus, alors que nous sommes un vivant parmi les vivants. Cela a beaucoup de conséquences. La crise écologique a une première dimension socio-économique, politique, d'organisation, qui est de l’ordre du ressentiment, du contre… mais pour JB Morizot, elle a une deuxième dimension qui est de l’ordre de la sensibilité à la nature et au vivant. De nombreux travaux ont été réalisés sur ce que l’on appelle l'amnésie environnementale.
Un enfant aujourd’hui sait reconnaître 1000 marques mais ne sait pas reconnaître 10 plantes. Nous sommes de plus en plus des urbain, 80% à l'horizon 2050. Il y a une réduction, de génération en génération de notre connaissance de l'environnement et de la perte de biodiversité par exemple. Plus généralement, les problèmes liés à l'écologie, nous paraissent relativement abstraits.
Il y a un grand enjeu à nous reconnecter au vivant puisque nos modes de vie, certaines pensées aussi qui nous disent supérieures à la nature.
« Comment le tourisme peut-être un levier de cette reconnexion à la nature ? Comment parler de ce que nous proposons en termes d'activité, en termes de séjour ? »
Nous pouvons travailler des offres afin que davantage de personnes puissent se connecter à la nature dont on sait toutes les vertus. Les Japonais remboursent les bains de forêt. On retrouve ici encore l’idée de l’hédonisme et de l’eudémonisme.
Prenons l’exemple d’une remontée mécanique, c'est une relation où on met la nature comme un instrument de nos plaisirs. Cette connexion à la nature passe aussi par la gamification.
« Il y a un terrible enjeu autour de l'éducation à la nature. »
Dominique Hummel
Autant la mer à son imaginaire, autant la montagne à son imaginaire, autant la ville a eu son imaginaire mais, la 4e destination générique qui est la campagne, elle n'a pas d'imaginaire. Hors des campagnes, il y en a partout autour de chez soi.
« Pour le ski, les musées, il y a des tickets d’entrée, un coût. Pour la nature, il n’y a pas de coût, il n’y a pas de barrière et cela touche toutes les générations »
Dominique Hummel
Par rapport à l'expérience touristique, qu'est-ce que ce type d'expérience immersive dans la nature dans une campagne peut proposer ? On coche quand même beaucoup de cases et évidemment, c'est une manière de diluer les trafics qui est quand même un de nos enjeux.
Demain je serai fier d’avoir passé 3 jours à Vassivière parce que j’aurais rencontré des artistes, de l'art, ou bien pétri, parce que j’aurai fait une sortie nature extrêmement ludique et intéressante…
Le thème du végétal est un peu le parent pauvre du tourisme. Autant, on a travaillé l'animal avec des tas de propos dont les zoos qui sont d'ailleurs plutôt contestées parce qu'ils mettent l'animal en cage. On ne met pas le végétal en cage, il est naturellement immobile mais il a plein d'histoires à raconter.
Quand on observe les travaux qui sont faits par les journalistes, par les scientifiques sur le végétal, on les voit apparaître aujourd’hui en prime time à la télévision ?
« Darwin nous a parlé de la concurrence pour comprendre l'évolution, mais il a aussi parlé de la coopération. Il était d'ailleurs botaniste. La nature végétale, la manière dont les arbres fonctionnent ensemble, nous racontent beaucoup de choses intéressantes sur ce que la coopération peut apporter. »
Dominique Hummel
Le tourisme pourrait prendre cette mission là à l'horizon 2030 de retravailler les offres avec les espaces naturels sensibles dans les départements, les associations comme la Ligue de Protection des Oiseaux. Il y a plein de ressources.
Le touriste, ce soldat inconnu
Dominique Hummel
« Pour moi, on confond touriste et industrie du tourisme et on a tort. Selon moi, la profession du tourisme ne connaît pas les touristes.
Comme l’a dit Jean Didier urbain, c'est le soldat inconnu, on parle à sa place, on le convoque, on a des idées pour lui, on le méprise sur certaines de ces pratiques, on le survalorise sur d'autres de ses pratiques. »
La révolution culturelle qu’il faut opérer dans le milieu du tourisme, c'est de se mettre à la place du touriste, de lui permettre d'être autour de la table et de rentrer dans une logique de très grande satisfaction.
C'est d'ailleurs une manière de traiter la question de la sur fréquentation.
« Je suis sidéré de voir comment la seule initiative que ce pays est finalement produit d'exemplaire ce sont Les Calanques avec le partenariat avec Waze dont la France entière a parlé jusqu'à 5 sujets en prime-Time télé. Cela montre bien que on n'est pas bon et que et qu'on a beaucoup à réfléchir sur comment gérer les flux et sur cette question, cela commence à bouger. »
Interview réalisée en mars par Séverine PORTET, dans le cadre de la démarche Tendances et Prospective.
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Dominique Hummel