Le tourisme documente très largement les motifs de voyage et, au niveau des indicateurs, le calcul des retombées économiques qui servent notamment au ciblage marketing.
Mais, concernant tout ceux que l'on appelle les « autres » voyageurs, pour lesquels on est quand même sur des taux de croissance qui sont importants, il n’y a quasiment aucune donnée.
Il y a 1 M de saisonniers dont les deux tiers travaillent dans le tourisme. Il y a les 260.000 travailleurs détachés, le demi million d’apprentis avec une politique de l'État proactive en la matière, il y a les 1,6 millions de stagiaires, les 2,5 M d’étudiants dont 350 000 sans places d’hébergements, les onze millions d’aidants, l’accueil d’urgence qui est saturé, … Tous ces autres voyageurs se retrouvent quelquefois à dormir dans leur voiture ou à demander du logement à des auberges de Jeunesse.
Pour toutes ces personnes de passage, nous avons peu de données parce qu'ils ne rentrent pas dans la définition du touriste alors que paradoxalement, ils paient souvent la taxe de séjour. Ils sont souvent hébergés dans des hébergements touristiques. Les tarifs et les services sont parfois adaptés, sauf s'ils passent par les plateformes de réservation touristiques. Pendant la COVID par exemple, il a fallu accueillir les personnes en quarantaine, les infirmiers, les mises à l’abri. Plus récemment, cela a été les réfugiés ukrainiens, puis les saisonniers et maintenant les étudiants.
Ce type d’hospitalité est très peu documenté, alors qu’en termes de besoins et de services adaptés, c'est important et même en termes de modèle économique pour certains hébergeurs. Pour l'avenir du tourisme, c’est primordial.
C'est plus résiliant car cela permet de mixer les clientèles, de mixer les économies, mais cela demande de changer de dispositif. On ne peut plus être sur du calcul de prix automatique et les standards du seul confort. Beaucoup d'acteurs de notre réseau pratiquent cette hospitalité.
La demande est de plus en plus forte. Si aujourd’hui, on ouvre un foyer de jeunes travailleurs, n'importe où avec même 1000 places, il sera rempli en 2 jours.
Selon le rapport du Shift Project, les Français font en moyenne 6 voyages par an. Il y en a 1/4 pour les vacances, le reste concerne des visites de proches, des déplacements pour le travail ou d'autres motifs. Tout cela en fait n’est pas anecdotique.
On se retrouve à avoir des cadrages et législations différents pour ces personnes de passage alors qu’elles font la même chose : voyager.